Fibromyalgie et modulation de la douleur
Dernière mise à jour : 17 juin 2022

Certains paradoxes semblent entourer le phénomène de douleurs chroniques que l’on retrouve chez les personnes fibromyalgiques. Je vous propose de les découvrir, afin d’en apprendre un peu plus sur cette maladie !
A l’origine de la douleur
La douleur ne peut, logiquement, apparaître que sous l’effet d’un facteur déclencheur. Il peut s’agir, par exemple, d’une chaleur excessive, d’une pression importante, ou encore de la présence d’un corps étranger dans un tissu. Bien entendu, l’élément déclencheur doit être d’intensité relativement élevée pour déclencher une douleur et non pas seulement une sensation. Le facteur va agir sur un capteur sensoriel (récepteurs thermique ou mécanique), ce qui va conduire à la création d’une information douloureuse. Celle-ci va engendrer la libération d’un messager de la douleur, qui appartient à la famille des neurotransmetteurs, permettant alors de faire remonter l’information jusqu’aux neurones sous la forme d’impulsions électriques le long des nerfs. L’information arrive de ce fait au niveau du cortex cérébral, où elle est décodée et devient alors une douleur concrète pour la personne.
Petit exemple
Prenons un exemple pour illustrer ce phénomène : si une personne se tape le doigt avec un marteau, il y a alors une stimulation des récepteurs mécaniques (mécanorécepteurs). Un neurotransmetteur est libéré, qui va parcourir les voies nerveuses jusqu’à arriver au niveau du cerveau. La personne ressent la douleur. Cependant, on parle ici d’une véritable lésion puisque la personne s’est réellement tapé le doigt avec un marteau. Mais dans le cas d’un fibromyalgique, il n’existe aucun facteur déclencheur évident qui puisse expliquer la survenue de la douleur.
Le trajet de l'information de la douleur est aussi tempéré par des systèmes annexes. Il existe par exemple un dispositif complexe capable de moduler l'intensité du message en laissant passer certaines informations et en en détournant d'autres. Ce dispositif intervient surtout dans les douleurs chroniques. Il existe également un système de freinage de la douleur qui contribue à une modulation permanente.
Dans le cas de la fibromyalgie, pour laquelle il n’existe aucune origine tissulaire qui permettrait d’expliquer la douleur, cette douleur résulte plutôt directement d’un dysfonctionnement dans les systèmes de contrôle de la douleur. Les dispositifs de modulation sont perturbés, ce qui induit une hypersensibilité du patient. De ce fait, la douleur est non seulement infondée du point de vue d’une quelconque lésion qui pourrait l’expliquer, mais aussi perçue comme très intense par le cerveau.
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Anomalie dans le seuil de douleur
Alors que nous possédons tous un seuil de douleur qui nous est propre, c’est-à-dire un seuil pour lequel un stimulus passe de simple « ressenti » à « douloureux », ce seuil est déplacé dans le cas de la fibromyalgie. Un simple stimulus léger peut alors provoquer une réelle douleur chez les patients. Par ailleurs, l’activation des zones du cerveau relatives à la douleur est beaucoup plus intense chez les personnes souffrant de fibromyalgie, mais aussi plus durable dans le temps.
Par ailleurs, quand il existe des stimulations chroniques, avec des douleurs plus ou moins récurrentes donc, celles-ci vont se manifester de façon beaucoup moins précises que lors d’une douleur aigüe (se couper le doigt, se planter une épine dans le pied, etc.). Ainsi, les personnes souffrant de douleurs chroniques vont généralement avoir du mal à les localiser précisément.
C’est le cas des personnes fibromyalgiques. Il existe donc un véritable paradoxe chez ces patients, puisqu’il présentent à la fois des douleurs très précises et localisées au niveau des 18 points Yunus notamment, mais aussi des douleurs beaucoup plus diffuses qu’ils ne sont pas capables de caractériser ni de localiser. Cela s’explique notamment par le fait que, dès lors que l’information douloureuse va être persistante, celle-ci va faire appel à des voies de transmission et à des molécules différentes de celles utilisées lors de douleurs aigües et ponctuelles, ce qui entraîne donc des douleurs perçues comme différentes.
Par ailleurs, il existe une anomalie au niveau neurologique en lien avec la transmission d’informations et plus généralement avec les molécules impliquées dans la douleur, et ce de manière chronique.
Neurotransmetteurs et chimie neuronale
Il existe un très grand nombre de neurotransmetteurs : dopamine, adrénaline, noradrénaline, catécholamines, sérotonine, endorphine, acétylcholine… Chacun possédant son propre rôle et ses propres spécificités. Ces neurotransmetteurs sont classés en deux principales catégories : les inhibiteurs qui bloquent ou ralentissent le passage de l'influx nerveux, et les excitateurs qui le facilitent. De ce fait, l'information est transmise, mais aussi modulée avec une grande précision en fonction des besoins.
Parmi ces neurotransmetteurs, certains vont jouer un rôle plus précis dans la modulation de la douleur (atténuation, modulation plus subtile ou amplification).
Dans le cas de la fibromyalgie, les recherches ont révélé des particularités au niveau de ces neurotransmetteurs. Ces particularités impactent spécialement la dopamine, la sérotonine, l’acide glutamique (ou glutamate) et la substance P.
1) La dopamine
Sans rentrer dans le détail, la dopamine est très liée à la notion de réc